En 2018, j’intégrais l’agence « Photographes du monde » pour encadrer des voyages photo au Portugal. C’est ainsi qu’ Experiencesphoto.com a réalisé une interview de votre serviteur.
Vous pouvez également retrouver mon offre de cours et workshops photo individuels sur la page Cours & Workshops.

Interview experiences photo
Le site hébergeant l’interview semblant inactif, j’insère ci-dessous son contenu textuel. Il manque malheureusement les images d’illustration.
Écrit par Morgane Regnier.
Contenu de l’interview :

Après avoir travaillé quelques années comme webdesigner et infographiste, Rafael Coutinho s’oriente vers la photographie qu’il pratique d’abord en amateur dans le milieu du sport. Puis très vite il se tourne vers la photo de paysage qu’il pratique lors de randonnées dans sa région l’Auvergne, à la recherche des meilleures lumières. Il vous accompagne en voyage photo avec l’agence spécialisée Photographes du Monde.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Rafael Coutinho, j’ai 35 ans et j’habite à Clermont Ferrand.

D’où te vient ta passion pour la photo ?

Mon père faisait déjà de la photo avant ma naissance, au temps de l’argentique. J’ai toujours vu des photos à la maison, des cadres, des diapos du temps où nous étions jeunes, toutes ces jolies choses qui dataient de l’époque de la photo sur film. J’ai baigné dans cette atmosphère durant toute mon enfance.

Par la suite, mon implication dans le milieu associatif de la glisse urbaine m’a plongé directement dans la culture de l’image, à l’Américaine. On en prenait plein les yeux sur des VHS et des photos de magazine de l’époque.
Certains de nos amis étaient sponsorisés et avaient besoin de produire des images pour leurs marques. Il y avait donc besoin de monde capable de faire ces images.
On a commencé avec du matériel totalement bricolé, ou emprunté.
On peut dire que ça a un peu commencé comme ça… par besoin et par passion!

Un peu plus tard, au début des années 2010, je m’y suis mis un peu plus sérieusement et j’ai commencé à m’équiper.
Comme j’habite en Auvergne et que j’adore les paysages de cette région, je me suis mis à la photo de paysage.
J’avais un super terrain de jeu à disposition !

Quel est ton parcours ?

J’ai fait une formation web design et infographie, au début des années 2000. J’ai pas mal travaillé dans ce milieu en freelance puis en tant que consultant en informatique.
Malheureusement j’ai fini par perdre goût à ce métier au bout d’une dizaines d’années, au moment où mon implication dans la photo devenait grandissante.

J’ai commencé à cette époque à vendre des images pour la région, à des petites sociétés locales. Petit à petit mon réseau a commencé à se construire.
A un moment, j’ai fini par mélanger toutes mes compétences à la fois informatiques, print, photographiques, et j’ai commencé à lancer une activité autour de la photo numérique. J’ai proposé ce que je faisais depuis le début, mais de manière « officielle ».

A quel moment es-tu vraiment venu à te spécialiser dans la photo de paysage ?

Toute personne qui devient vraiment « addict » à la photo cherche à photographier, quoi qu’il arrive. Au départ, en ce qui me concerne, c’était du sport, avec toutes ses contraintes : trouver le modèle, avoir les bonnes conditions météo, transporter le matériel. Il fallait à mon goût trop prévoir et ça finissait par rendre le nombre de shoots limités.

Très naturellement, je suis parti dans ma montagne, et une fois que je me suis pris au jeu, impossible de m’arrêter !
Les premiers couchers de soleils, les premières bonnes photos alors que je savais à peine comment les traiter…
C’est devenu presque viscéral et je pense que tous les photographes doivent ressentir la même adrénaline au moment de déclencher, ou juste après un shoot, quand la lumière était parfaite.

C’est ça qui te plait, ce côté stimulant et apaisant à la fois ?

Oui, c’est un mélange de tout ça… ce qui est cool dans ma région, quand tu cherches les meilleures lumières, des heures bleues, des couchers de soleil, c’est que tu ne croises plus personne … tu as la nature pour toi tout seul ! Les seules personnes que je peux croiser sont à la rigueur d’autres photographes.
C’est assez exclusif comme sentiment. J’ai vraiment l’impression d’être privilégié.

Des sujets de prédilection ?

Je suis plus dans une recherche graphique que dans une recherche de sujets.
Beaucoup de photographes travaillent leurs compositions au grand angle – d’ailleurs je pense en avoir trop vu ces dernières années, personnellement j’essaye de rester sur des choses plus efficaces et simples qui finalement reflètent un peu plus ce qu’on peut voir en passant sur le lieu à pied.
Je n’aime pas le fait que les gens viennent sur un lieu que j’ai photographié et ne le reconnaisse pas. Je n’aime pas les choses trop « ras du sol », ou les photos de drones, je trouve que ça trompe un peu les personnes qui voudraient découvrir le lieu. L’idée est de faire des choses que n’importe qui peut reconnaitre.

Quels sont les photographes qui t’inspirent ou qui influencent ton travail ?

Je vois beaucoup de choses, notamment grâce aux réseaux sociaux, mais j’avoue être très mauvais pour retenir tous les noms ! Je dirais Ansel Adams, pour sa maitrise de la captation de la lumière et du rendu sur papier. C’est Impossible de ne pas l’évoquer. C’était un précurseur, surtout pour l’époque. Il a inventé de nombreuses techniques que nous utilisons encore en numérique, c’est un peu notre « papa » à tous, même si le travail était très différent à l’époque !

Je n’aime pas être particulièrement « fan boy » d’un seul photographe. Je vais plutôt m’attacher à une série plutôt qu’au nom qu’il y’a écrit en dessous.
J’ai un ami de longue date, Guillaume Ducreux. Un photographe qui ne fait presque exclusivement que de l’argentique, c’est du vrai travail d’auteur.
Une sorte de « rappel à l’ordre » sur les travers que je peux avoir, notamment le fait de passer trop de temps derrière un ordinateur. C’est lui qui m’a poussé à faire du film, à travailler avec des techniques différentes et ça m’a fait beaucoup de bien !

Comment travailles-tu sur le terrain ?

D’abord trouver un lieu qui me plait, que je veux faire découvrir, c’est pour ça que je photographie beaucoup l’Auvergne et le sud du Portugal. D’ailleurs, et c’est un phénomène assez récent, on fait de plus en plus attention à ne plus divulguer les localisations exactes, car le succès a pour conséquence la dégradation progressive de certains lieux.

Ma seconde démarche est ensuite d’aller chercher la meilleure lumière.
L’idée est donc d’aller chercher un lieu que l’on veut mettre en avant dans son écrin de lumière et revenir jusqu’à ce que l’on obtienne la lumière que l’on veut.
Ensuite, il faut faire une bonne captation sur place, attraper toute l’information et la restituer de manière créative ou non, selon la manière dont on l’a perçue auparavant.

J’avoue passer ensuite une quantité d’heures assez folles en traitement, mais j’ai des limites très claires sur ce que je m’autorise ou non à faire. Je ne fais pas partie des photographes qui font des remplacements de ciel, ou qui assemblent des prises de vue shootées à deux heures de différence. Je n’ai rien contre la démarche de faire du composite, sachant que c’est une majorité des images que l’on voit aujourd’hui. Rien non plus contre ces photographes, tant qu’ils le présentent comme tel et l’assument.
J’utilise beaucoup de Photoshop mais seulement pour assembler un ensemble d’informations pour obtenir quelque chose de net partout, de pas cramé…

Quel matériel utilises-tu ?

Pour tout ce qui est paysage numérique, j’utilise un Nikon en Full Frame. J’utilise des optiques assez classiques et je travaille très peu au téléobjectif ou l’ultra grand angle.
Un 24-70 F/2.8, bien pratique quand je ne sais pas quel objectif utiliser.

En argentique, j’utilise un vieux Bronica 6*6, l’équivalent Japonais du Hasselbald.
Je possède également un Fuji Rangefinder, un moyen format 6*9.
C’est du matériel que j’utilise pour une partie de mon travail personnel que je ne mets peut-être pas assez en avant. J’essaye de faire du moyen format argentique, pour pratiquer le noir et blanc, d’apprendre la lumière.
Je développe mes pellicules à la maison… Pratiquer l’argentique m’a beaucoup fait progresser en numérique, m’a forcé à être plus précis, plus pointu. J’ai gagné en expo, je gère mieux la lumière depuis que je me suis mis à l’argentique.
Ce n’est pas qu’une question de pellicule d’ailleurs, mais aussi d’une réelle différence d’optiques utilisées : profondeur de champ plus réduite … J’ai dernièrement fait des portraits, le bokeh est tout simplement incroyable, ça a vraiment une autre saveur ! C’est comme le fait de passer d’un compact à un Full Frame !

Je travaille également sur des choses assez personnelles en utilisant la technique du cyanotype auquel Guillaume Ducreux m’a initié. Je fais ça à la maison. J’ai fait une expo il y’a un an, c’est un truc qui me passionne. D’ailleurs depuis que je fais de l’argentique, je fais un peu moins de numérique. Sans être partisan du « c’était mieux avant », je trouve qu’il y’a moins de noblesse en photo numérique. Le ressenti n’est pas le même…

Un objectif préféré ?

Un 18-35 F/3.5 – 4.5. Son intérêt c’est qu’il pèse moins de 400 grammes, qu’il est possible de visser des filtres dessus. Cet objectif est un très bon compromis : il n’ouvre pas à F/2.8 mais je gagne en poids et il conserve un excellent piqué.

Un accessoire indispensable ?

Tout photographe de paysage te dira un trépied je pense !

Et des filtres peut-être ?

Je pourrai faire sans filtre … mais pas sans trépied.
Quelques filtres gradués, ou un ND pour faire de la pose longue.
On peut simuler de la pose très longue en faisant plusieurs prises de vue sur plusieurs minutes et en les mélangeant sous Photoshop. On peut également faire des assemblages pour compenser l’absence de filtre gradué.
Mais tout ça est impossible sans trépied ! Je shoote d’ailleurs très rarement à main levée.

Des projets à venir ?

Je suis en train de mettre en place un service pour les créatifs. Avec des workshops de post traitement, de prise de vue, de l’assistance et de l’aide à l’achat. Tout ce qui a rapport à l’écosystème de la photographie numérique. C’est de la transmission de connaissance et ça va dans le sens que prend ma carrière.

J’aimerais également refaire une exposition pour présenter mes cyanotypes, faire découvrir cette technique antérieure au négatif argentique.

Et pourquoi pas, quand tout sera mis en place, voyager un peu plus !